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Animographies

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  • Dans la tête des bêtes il y a tout un imaginaire fantastique à explorer ou à inventer. Ces histoires, nouvelles, fables ou contes racontent les mondes peuplés d'animaux doués de parole, de raison et de sentiments, il suffit d'ouvrir les yeux et de lire...
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7 décembre 2012

ANIMOGRAPHIES

ANIMOGRAPHIES
"Tout parle en mon ouvrage, et même les poissons. Ce qu'ils disent s'adresse à tous tant que nous sommes. Je me sers d'animaux pour instruire les hommes." Jean de La Fontaine
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11 décembre 2012

LE CONTE DU CANARD

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LE CONTE DU CANARD

 

 

 

Edgar, le canard vivait tranquillement au bord de la rivière avec son frère Mimile dans la forêt des couleurs. Après avoir quitté leurs parents et longtemps marché sous les grands arbres ils s’étaient installés là car les hautes herbes offraient une cachette sûre. Ils pouvaient également profiter autant de ce qu’ils voulaient des baignades dans les eaux ocres et calmes du fleuve. La nourriture ne manquait pas. Ils étaient heureux et ne se posaient pas de questions, jusqu’au jour où les humains s’avancèrent dans la Forêt des Couleurs et le tumulte envahit l’espace, tous les habitants terrorisés se cachaient.

Edgar regardait s’avancer les cohortes humaines braillant et odorantes, caché entre deux touffes de joncs. Son frère Mimile s’était aventuré à découvert et la roue d’un engin l’aplatit propre et net sur le chemin. Edgar horrifié n’osait pas bouger. Figé dans sa touffe d’herbe, il sentait l’émotion l’envahir, puis une colère épaisse le submergea…Il se vengerait, il fallait empêcher les humains d’avancer au bord du fleuve sinon tous les animaux périraient.

Que pouvaient-ils eux, les petits et humbles animaux de la Forêt des Couleurs contre cette marée humaine qui n’imaginait même pas leur présence. A la tombée de la nuit, la marée refluait, les envahisseurs repartaient dans leur monde. Alors Edgar et les autres sortaient de leurs cachettes pour profiter de leur chère forêt, trouver quelques aliments, faire deux ou trois brasses et plongeons. Edgar avait pris la parole sous le grand chêne dès le deuxième jour pour faire part aux autres de son inquiétude :

« - Mes amis, hier un engin des humains a aplati Mimile. Il se passe quelque chose d’inhabituel, qui a une idée ?

-          C’est vrai que depuis hier des masses d’humains arrivent après le lever du soleil, répondit l’aigle, je suis bien placé pour les voir arriver par la route en produisant de la fumée noire.

-          Que viennent-ils faire ici, demanda la perdrix, je ne sais plus où mettre mes œufs.

-          Tu veux que je t’indique une cache, suggéra intéressé le renard.

-          Ça suffit le renard, tonna  le chevreuil frémissant. Nous avons autre chose à faire qu’à nous disputer. Essayons de comprendre.

-          Comprendre, comprendre, fulmina Edgar. Mimile n’a pas eu le temps de comprendre. Il faut agir, trouver quelque chose pour nous protéger.

-          Si nous savons pourquoi ils viennent, nous pourrons réagir en conséquence, siffla la vipère.

-          Va-y-toi alors, la sournoise, tu peux t’approcher et espionner, et en plus tu fais peur.

-          Dis donc, gros malin à plumes, répliqua la vipère, va-y toi-même. Moi, personne ne m’aime, je vais prendre un caillou sur la tête immédiatement.

-          C’est vrai, reprit l’aigle, les humains adorent les canards, ceux qu’on voyait avant te jetaient même des croûtons de pain.

-          Oui, oui, toi le canard, dit la perdrix, rapproche toi des humains pour enquêter.

 

Edgar était étourdi. Il se sentait piégé et en même temps un peu fier. L’occasion lui était donnée d’honorer la mémoire de Mimile et de jouer un rôle essentiel dans la survie des animaux de la forêt. Alors la trouille au ventre et le cœur en déroute, il se jeta à l’eau vers l’accès principal du parc naturel des couleurs. Cahin-caha, il s’approcha de l’immense portail d’entrée, fraîchement repeint en rouge et décoré d’une banderole de bienvenue à la journée d’ouverture du parc. Il comprenait que les humains échangeaient le droit de piétiner la forêt contre de petits objets en papier.

« - Eh les gars, regardez qui vient nous rendre visite ! »

Un gros homme ventripotent s’approchait de lui et l’acculait contre un mur. Aïe! Mauvais plan pour Edgar. Egaré par sa curiosité, il avait oublié de prévoir sa sortie de secours. Le gros homme l’empoigna en ricanant : « Voilà un bon repas pour dimanche, canard rôti en marmite, un régal ! »

Edgar pensait à Mimile et se dit que finalement, il aurait préféré la roue du bulldozer à la marmite. Cuire à petit feu, ça devait être atroce. Il était parti tout seul, il lui était impossible de communiquer avec ses amis, de transmettre les informations recueillies. Bref, il avait échoué, il était indigne de la mission qu’on lui avait confiée…échouer pour finir en marmite, quelle humiliation !

Lorsque le gros homme arriva chez lui, Edgar sous le bras, une petite fille se précipita :

«  - Oh! Papa chéri, c’est pour moi ? Il est trop mignon !

-          Non ma fille, dans la marmite, le canard. C’est notre repas pour demain midi. On va se régaler !

-          Dans la marmite, quelle horreur ! Je t’interdis papa. Si tu le fais, je me brûle avec lui et je te détesterais toute ma vie. Le papa, un peu gêné ne savait plus comment se débarrasser de la petite.

-          Regarde papa, comme il est beau avec son cou tout vert brillant et ses plumes décorées. On dirait qu’il nous comprend, regarde ses yeux !

-          Je ne vais certainement pas regarder ce canard dans les yeux…dégage moi cette bestiole de là, dehors…dans le jardin »

 

Edgar se retrouva sur un coin d’herbe à côté de la fillette et ils se parlèrent longtemps. Edgar lui raconta la Forêt des Couleurs, son frère Mimile, les humains envahissants… Et la fillette lui expliqua les humains curieux, maladroits mais affectueux, bruyants mais amicaux, irrespectueux mais sensibles. Elle lui raconta comment les petits d’hommes comprennent les animaux et pourquoi emportés par la vitesse, les adultes n’avaient plus le temps ni d’écouter, ni d’entendre alors ils ne pouvaient plus comprendre.

Tard dans la nuit, Edgar reprit la rivière à contre courant vers le grand chêne où il retrouva ses amis. Il leur expliqua la marche à suivre pour reprendre le contact avec les humains…

 

Depuis dans la forêt des couleurs, on peut voir tous les animaux se rapprocher des enfants dès l’ouverture des grilles et la forêt bruisse des chuchotements des conversations et résonne de la douce musique des bavardages et badinages entre enfants et animaux…

7 décembre 2012

GROS JEAN

CHVXhiver2012 023            GROS JEAN   44163

 

 

C’est bientôt le matin dans le grand désert, le soleil monte peu à peu et fait oublier le froid cinglant de la nuit. Les habitants de ce monde brutal ont peu de temps pour accomplir leurs tâches quotidiennes : les températures nocturnes les forcent à se réfugier au fond d’abris bien cachés et la brûlure du soleil dès le milieu de la matinée exige d’avoir trouvé son pain quotidien en quelques heures avant de tomber aux mains de ceux qui errent désœuvrés dans les dunes et la caillasse à la recherche d’un méfait pour occuper les longues heures écrasées de chaleur blanche. Ali, le serpent, ne craint pas la chaleur, bien au contraire. Le voilà installé près d’une pierre arrondie sous quelques piquants protecteurs. Gros Jean, le chien jaune, truffe au sol s’approche.

Ali (chuchote) : viens par-là mon gros, viens, viens…j’ai envie de m’amuser, j’en pétille déjà !

 

Gros-Jean (méfiant) : ça sent le mauvais bougre par ici, je renifle du sang froid, rien de bon à manger. Et voilà, un serpent je m’en doutais !

 

Ali (déçu) : bon, c’est raté pour cette fois, tu m’as vu. Que fais-tu tout seul ici à cette heure ? Tu risques gros. Je siffle et tous mes copains rappliquent, fini pour toi !

 

Gros-Jean : garde ton sang-froid mon cher. Je ne cherche pas la baston. Je veux bien respecter ton territoire. Je suis sûr que ta bande n’attaque pas si son honneur n’est pas en jeu.

 

Ali : t’es quand même un sacré gros benêt de te balader tout seul dans ce quartier aux heures chaudes ma parole. T’approche pas, t’as vu ma sonnette prête à remuer.

 

Gros-Jean : j’ai quitté mon groupe, des gentils petits humains, d’autres chiens, des chameaux, parce qu’ils me traitaient comme un chien galeux. Jamais de respect, jamais de considération. J’aboyais : c’était trop tôt, trop tard, trop fort. Je vais pas chanter la messe ami, mais leurs sermons, j’en avais marre.

 

Ali : tu sais ici aussi, il y a des obligations. Quand le coyote hurle cinq fois par jour, on doit tous s’arrêter la tête dans le sable, surtout ne pas sonner de la queue, écouter les scorpions déblatérer. Mon ami Yousouf, la vipère cornue, a été envoyé vers la dernière caravane de chameaux pour distribuer son venin : évidemment il n’est jamais revenu.

 

Gros-Jean : moi, j’ai espoir. Ma vie sera meilleure dans le désert, j’aurai de nouveaux amis qui me respecteront, j’aurai un statut social, j’aurai à manger et des richesses. S’il faut attaquer des caravanes, pas de problèmes, " no souci "Tu vois, je suis plein d’espérance.

 

Ali : je vois. Si tu es prêt à te sacrifier pour le peuple du désert, approche, je vais te parler de la cause, te susurrer les projets.

 

Gros Jean naïf s’approche d’Ali, ravi d’avoir un nouveau camarade et Ali lance son venin vers le flan dodu de Gros Jean.

 

Gros-Jean : ah l’ami, tu m’as trahi, déjà, on se connaissait à peine !

 

Ali : mon cher, te voilà gros jean comme devant. Tu n’as rien appris. Tu ne peux rien apprendre de notre bande, tu es trop niais.

 

Gros-Jean (dans un râle) : ah! Tant pis pour toi! Je serai pour toi un met trop épais, étouffant, « un étouffe-chrétien », je serai vengé.

 

Ali (tentant d’avaler Gros Jean) : étouffé par un chrétien tu veux rire…Ah! Ah! Ah! ….Aaaarg…Je meurs étouffé par un kamikaze !

 

Le soleil brûlant n’eut pas le temps de dessécher les deux corps, les coyotes étaient déjà sur place pour savourer les fruits de leur manipulation.

 

 

 

 

 

 

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